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A LA TELEVISION : Emission "Picardie Matin" le vendredi 13 mars 2015 : en direct du festival Jazz'titudes Présenation du festival dans la rubrique Culture des journaux 12-13 et 19-20 en mars 2015
A LA RADIO : N'Radio : interview de présentation du festival le 5 mars |
Jazz Magazine blog 20 mars 2015
Brice Wassy et Jean-Jacques Elangué font Kelin Kelin au pied de la cathédrale de Laon
Vendredi, 20 Mars 2015 07:20 | Écrit par Franck Bergerot
Les quatre tours de la cathédrale Laon et leurs seize bœufs ont dansé cette nuit au son du Kelin Kelin Orchestra du batteur Brice Wassy et du saxophoniste Jean-Jacques Elangué, brassage de grands savoirs mélodiques et rythmiques africains et d’une science de l’improvisation et de l’arrangement pour section à vents qui vient du jazz. Il me semble que l’on avait besoin depuis longtemps d’un tel orchestre. Tout à l’heure, il a mis debout le public du festival Jazz’titudes de Laon.
Jeudi, 27 Mars 2014 19:02 | Écrit par Pascal Anquetil
Jazz’titudes à Laon : Francesco Bearzatti a réveillé la cité médiévale endormie
Maison des Artst et Loisirs, Festival Jazz'atitudes, Laon (02), 21 mars 2014.
Frédéric Perreard (piano), Samuel F’Hima (contrebasse), Arthur Alard (batterie).
Francesco Bearzatti Quartet “Monk’n’Roll”. Giovanni Falzonen (trompette), Francesco Bearzatti (clarinette, sax ténor), Danilo Gallo (contrebasse), Zino De Rossi (dm).
Laon, citadelle endormie. En ce vendredi 21 mars, la ville haute de la préfecture de l’Aisne, juchée sur une butte témoin qui domine la plaine picarde d’une bonne centaine de mètres, semble assoupie dans un sommeil médiéval. Sur la place du parvis déserte, un homme me salue. Passé un moment de surprise, je le reconnais. Mais c’est bien sûr ! Il s’agit d’Alexis Musicas, mon premier correspond Champagne-Ardenne pour le Centre d’Information du jazz, aujourd’hui président du Djaz 51, l’association qui organise chaque année le festival de jazz de Reims, sous la houlette de Francis le Bras. J’avais oublié que cet homme charmant à l’humour délicieusement décalé était d’abord pharmacien à Laon. Liz McComb, quant à elle, ne l’a pas oublié. Débarquant un jour par hasard dans sa pharmacie, elle fut accueillie par un « bonjour Madame Liz McComb » et repartit avec ses médicaments offerts par la maison. Pour fêter cette rencontre imprévue avec Musikas le bien nommé, la cathédrale Notre-Dame (qui servit de modèle à celle de Paris et de Chartres) se drapa tout à coup d’un voile de tulle rose sous le spot d’un coucher de soleil printanier. La soirée s’annonçait décidément bien.
Alexis venait d’acheter sa place pour le concert du soir que propose l’association Crescendo qui préside depuis 17 ans aux destinées de Jazz’titudes. L’équipe du festival, très accueillante, s’affirme naturellement passionnée avec à sa tête le président Christian Dhap et le vice-président Dominique Capelle. Ce soir, à l’affiche, Francesco Bearzatti Quartet et son formidable projet « Monk’n’Roll ». Deux de ses musiciens italiens avec qui il joue depuis déjà sept ans, le trompettiste Giovanni Falzone et le bassiste Danilo Gallo, arrivent à la dernière minute de Milan, suite à des retards de TGV. Le batteur Zino De Rossi, quant à lui, en plein jet lag, débarque ce matin de New York. Toute cette fatigue accumulée n’empêchera nullement ce « quarteron de généreux sans retraite » (comme disait Charles de Gaulle) de mettre à feu et à swing la salle malheureusement clairsemée de la Maison des Arts et des Loisirs. Grâce principalement à une trentaine d’élèves de l’école de musique de Gauchy venus en autocar spécial pour assister au concert. Leur participation joyeusement tapageuse fut bien sûr encouragé de la voix et du geste par le Maestro du saxo frioulan, tout ravi de trouver et de susciter un tel enthousiasme juvénile.
On ne louera jamais assez la complicité ludique, le bonheur de jouer ensemble et l’engagement total dans la musique hic et nunc que manifestent sur scène ces quatre joyeux lurons. Le programme “Monk’n’Roll” est formidable d’invention et d’intelligence. Mieux qu’un simple collage, c’est un télescopage, un tuilage savant et fin entre des thèmes de Thelonious et de riffs de rock. Exemples : Criss Cross réarrangé avec un motif de basse à la Velvet Underground, le Back in Black d’AC/DC enchaîné à Trinkle Tinkle, Round Midnight flirtant avec Walking on the moon de Police,Straight no Chaser avec Walk This Way d’Aerosmith, Walked Bud avec Bill Jean de Michael Jackson, etc. Sur le papier, l’idée est superbe. Mais l’important est ailleurs : sa mise en musique dans le vif de l’instant est de bout en bout euphorisante. Après moult concerts, le programme « Monk’n’Roll » est aujourd’hui parfaitement rôdée, mais toujours jouée comme s’il s’agissait de la première fois. En trublion magnifique, Francesco déploie au saxophone comme à la clarinette une énergie communicative hallucinante qui d’emblée touche, embrase et survolte le public picard. Comment résister à telle avalanche de générosité et de sincérité ! Mais n’oublions d’associer au succès du quartette l’essentiel Giovanni Falzone. Monté sur ressorts, ce trompettiste sicilien aussi inventif qu’explosif devrait aujourd’hui, s’il y avait une justice médiatique, être aussi reconnu que ses deux autres compères transalpins, Enrico Rava et Paolo Fresu, tant il fait preuve à chacune de ses interventions d’une fulgurance jubilatoire, toujours frappée du sceau de l’urgence et de l’exigence, de l’humour et de l’amour de la musique.
En première partie du menu du soir, nous ûmes droit à un hors d’œuvre qui valait bien un plat de résistance tant la nourriture en était riche et savoureuse. Le bonheur qu’offre les festivals de province, c’est aussi de pouvoir découvrir des musiciens nouveaux et talentueux qui n’ont pas encore la chance de connaître encore une notoriété parisienne. Retenez bien son nom : Frédéric Perreard, pianiste âgé d’à peine vingt ans. Avec finesse et groove, il anime un vrai trio, à savoir trois musiciens qui regardent ensemble dans la même direction tout en affirmant chacun avec force et détermination leur propre personnalité. La magie de ce tout jeune groupe ne vient pas des seules notes jouées ensemble, mais surtout de l’interaction (l’interplay) qui rend leur conversation tout à coup intéressante et surprenante. La libre circulation de leurs paroles vivement entremêlées impressionne par sa pertinence et sa fraicheur. Pour dialoguer à trois, il faut d’abord se parler, donc avoir des choses à se dire. C’est le cas ici. Pour improviser à trois, il faut savoir aussi s‘écouter, se surprendre et s’amuser à inventer dans l’instant, dans la même respiration, une musique fine et tonique, basée sur la relance de l’un par l’autre. On appelle ça la « triple entente ». Il faut dire que dans cette aventure triangulaire Frédéric Perreard bénéficie de la présence de deux complices qui ont beaucoup de… répondant. A savoir, Samuel F’Hima à la contrebasse qui assure avec élégance l’assise fondamentale du trio. Et, surtout, Arthur Alard, batteur de 25 ans qui fut à nos oreilles ce soir-là une vraie découverte. Des leçons de ses maîtres batteurs, il a su en tirer la « substantifique moelle ». De François Laizeau la souplesse rythmique, de Simon Goubert le sens des couleurs et d’André Charlier le “time” implacable. A suivre donc de très près !
Une belle histoire pour finir : le trio de Frédéric Perreard a été porté sur les fonds baptismaux par un personnage extravagant comme le monde du jazz sait en engendrer. S’il faut trouver une comparaison, on peut évoquer le souvenir de Jacky Barbier, ancien compagnon d’aventures du Café de la Gare, qui en pleine campagne bourguignonne a longtemps animé, sans la moindre subvention, un club aujourd’hui mythique “A l’ouest de la Grosne”, lieu convivial où un nombre considérable d'artistes (régionaux pour beaucoup, mais aussi étrangers, notamment de Grande-Bretagne et des États-Unis, de passage en France) se sont produits. Le personnage en question est du même acabit. Il s’appelle Richard Brechet. Il est peintre et ébéniste. Son frère Pascal est un guitariste picard qui a publié il y a quelques années un beau disque “Autour de Monk” sur le label AA, produit par Bernard Aimé, alors directeur artistique du Petit Faucheux. Avant que débute la soirée, ce fut un vrai bonheur de discuter avec cet amateur passionné qui a su se constituer au fil des ans un carnet d’adresses exceptionnel grâce, au départ, à son amitié avec Mal Waldron. Entre1982 et 86, il a animé dans la belle cité d’Uzès un club à programmation aléatoire, l'A.L.I.B.I qui, après quelques déboires financiers, il transformera de 87 en 89 en “Malibi Jazz Circus”. Il y recevra sous un chapiteau de nombreuses têtes d’affiche américaines dont Archie Shepp qui deviendra son ami. En 2004, Richard Frechet émigra dans l’Aisne, dans le hameau de Berlinval situé entre Soissons et Laon. Dans sa vaste demeure, il décida de persister dans sa passion du jazz en montant un nouvel l'A.L.I.B.I (Association pour la Libre Interprétation des Bonnes idées) qui porte désormais le nom de “Jazz club Mal Waldron/Archie Shepp”. Avec comme seul principe de programmation celui de la cooptation amicale, il y reçoit aujourd’hui une fois par mois, sauf en été et hiver, ses amis musiciens qui feraient pour la plupart le bonheur des clubs de la rue des Lombards. A preuve quelques noms : Kirk Lightsey, George Cables, Barry Alschul, Victor Lewis, Rasul Siddik, Andy McKee, etc. Aujourd’hui, Richard est bien décidé à sortir en CD les pépites qu’il a pu enregistrer dans son club en montant son propre label.
Devraient sortir prochainement (s’il trouve un distributeur) d’abord le “ Frédéric Perreard 4tet” avec Baptiste Herbin au saxophone. Mais aussi le trio George Cables/Wayne Dockery/Victor Lewis, le duo George Cables/Kirk Lightsey, le trio Tom McClung/Barry Alschul/Jack Gregg (tous enregistrés à l’automne 2013). N’ayez crainte, dès leurs sorties, on vous tiendra au courant. Pascal Anquetil
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